22. avril 2022

Moins de rapaces en Europe à cause du plomb des munitions de chasse - 135 millions d’oiseaux menacés d’empoisonnement

L’utilisation de munitions de chasse contenant du plomb réduit considérablement les populations d’oiseaux de proie en Europe. Telle est la conclusion à laquelle est parvenue une équipe de chercheurs allemands et britanniques. Les pygargues à queue blanche, les buses variables et d’autres oiseaux absorbent ce métal lourd toxique en mangeant des animaux abattus avec ce type de munitions.

Greifvogel

L’étude démontre que la population de pygargues à queue blanche est de 14% plus faible qu’elle ne le serait sans exposition depuis plus d’un siècle, à des concentrations mortelles de plomb. Image: Detlef Oberfeld/Pixybay L’étude démontre que la population de pygargues à queue blanche est de 14% plus faible qu’elle ne le serait sans exposition depuis plus d’un siècle, à des concentrations mortelles de plomb. Image: Detlef Oberfeld/Pixybay

L’intoxication qui en résulte a entraîné la disparition d’environ 55’000 oiseaux adultes de l’espace aérien européen. Dix espèces de rapaces sont concernées, rapportent les scientifiques dans la revue spécialisée « Science of the Total Environment ».

Un grand danger pour toute l’avifaune
Les munitions au plomb représentent un grand danger pour l’ensemble de l’avifaune : l’Agence européenne des produits chimiques (AEPC) estime que 135 millions d’oiseaux dans l’UE sont menacés par un empoisonnement au plomb – soit en avalant directement de la grenaille soit en mangeant des animaux dont l’organisme contient du plomb. L’intoxication au plomb peut, à fortes doses, entraîner une mort lente et douloureuse des animaux. Des doses plus faibles sont également la cause de changements physiologiques et comportementaux.

Pygargues à queue blanche, aigles royaux, autours des palombes et milans royaux notamment concernés
Des biologistes de l’université de Cambridge, soutenus par l’Institut Leibniz de recherche sur les zoos et les animaux sauvages (IZW) de Berlin, ont calculé l’impact de ces empoisonnements chez les rapaces. Il en ressort que la population de pygargues à queue blanche (Haliaeetus albicilla) est de 14% plus faible qu’elle ne le serait sans exposition, depuis plus d’un siècle, à des concentrations mortelles de plomb dans certaines sources de nourriture. Les populations d’aigles royaux (Aquila chrysaetos) et de vautours fauves (Gyps fulvus) seraient respectivement inférieures de 13% et 12%, tandis que les populations d’autour des palombes (Accipiter gentilis) seraient inférieures de 6% et celles des milans royaux (Milvus milvus) et des busards des roseaux (Circus aeruginosus) de 3% chacune.

Les biologistes plaident instamment pour une interdiction : « La souffrance et la mort évitables de nombreux rapaces à cause de l’empoisonnement au plomb devraient suffire pour exiger l’utilisation d’alternatives non toxiques », souligne Debbie Pain, co-auteure de l’étude.

©Texte : Keystone ATS, traduction : Suisse Eole